Un personnage dans la posture du penseur de Rodin est assis sur le dos d’un livre sculpté. C’est Pino SAITOUT !
Sous le penseur, une colonne de livres sculptés en équilibre repose sur les restes d’un arbre décharné ; une sorte de squelette défait de ses parties tendres, derniers reliefs d’un chêne du bocage. Les formes saillantes de l’œuvre offrent une incroyable silhouette fantasmagorique.
Non pas le penseur de Rodin,
mais un pantin
Je me présente :
Je suis explorateur.
Je suis curieux de tout : les sciences, les arts, la philosophie…, tout m’intéresse ! Je suis devenu une personnalité grâce à l’étude des livres. Je maîtrise un immense savoir et rien ne m’échappe. Mes origines m’importent peu, je suis désormais au sommet de ma carrière.
Toutefois, j’ignore ce qu’est cette chose tout près, juste là, derrière moi.
Elle semble à la fois me suivre et m’envelopper. Chaque fois que je veux m’interroger sur sa présence, elle disparaît.
01Une œuvre à 2 faces
L’œuvre est organisée en deux parties principales, opposées en apparence. Je les ai positionnées l’une ET l’autre dos à dos, comme les deux faces d’une même pièce ; chacune existe par rapport à l’autre.
Une partie de l’œuvre est composée d’éléments connus : les livres, les textes, le pantin en pleine réflexion comme le penseur de Rodin.
L’autre partie est mystérieuse.
C’est une forme sans forme.
Je l’ai choisie parce qu’elle est belle ; dans ses failles circulent l’ombre et la lumière. Cet arbre sans forme est pour moi un équivalent de l’univers ou de la conscience entière. J’utilise ces restes d’arbres éternels afin de rendre visible cette chose immatérielle. Il est le support de ma création.
02 Un penseur aveuglé par ses pensées matérialistes
L’œuvre ‘’L’explorateur’’ montre la dualité de l’existence, son appartenance à la Terre comme aux Cieux. Au lieu de les vivre harmonieusement, nous les opposons.
Le penseur de Rodin avait été initialement créé pour la porte de l’enfer, une autre oeuvre du sculpteur. Il représenterait un Dante, spectateur en contrebas de la traversée des âmes dans les 7 couches de l’enfer (cf livre « la Divine comédie »). Ce penseur-là laisse s’exprimer sa partie spirituelle, tout le contraire de « mon » Pino SAITOUT… Lui expérimente plutôt une réalité faite d’un mental exacerbé, celle-là même avec laquelle il est actuellement en alignement vibratoire. Son mental, conditionné par son époque, veut maîtriser, dominer et posséder. Il est devenu le pantin de son propre mental qui lui fabrique ces pensées orientées.
Il a certes un doute sur la réalité de sa partie ‘’essence’’, mais il n’accepte pas le lâcher prise. Son âme ne dit rien, il ne peut pas l’entendre à cause de son mental trop actif. D’ailleurs il ne voit pas le livre-papillon déjà en vol, signifiant la direction qu’il lui faudrait prendre.
L’œuvre présente deux formes d’intelligence.
- L’intelligence du mental avec son besoin de progression mesurable
- L’intelligence émotionnelle qui prend tout en compte ; les choses en apparence cohérentes ou incohérentes.
Mon souhait en tant que sculpteur est de montrer que l’homme est l’un ET l’autre. Néanmoins, lorsque sa conscience analytique s’active, sa conscience émotionnelle s’éteint et inversement.
D’où la nécessité d’un équilibre entre le mental et l’émotionnel.
L’art de vivre
l’instant présent
Quand je marche sur des chemins sinueux de la campagne, mes pensées se font plus rares, plus légères ; parfois jusqu’à ne plus en avoir. Je suis dans l’instant présent.
Toutefois ma réalité humaine garde un lien avec l’environnement. Devant moi défile la nature et je suis attentif où je pose mes pieds.
Là ma relation au temps change, il devient extensible, non mesurable. Ici ma conscience individuelle et émotionnelle se confond avec la conscience entière.
Dans ces moments si particuliers je suis un réceptacle vide, je ne sais plus rien et je ne possède plus rien. Mon corps et esprit sont intacts, transparents, ma confiance est posée. Je suis un centre du monde hors de l’espace-temps.
La nature et l’univers,
muses de l’artiste sculpteur
Je m’adresse à ces arbres vieux, ignorés, comme si je m’adressais à l’univers. Je les gratifie de leur présence dans les haies et les sous-bois. Je les honore ici à ma façon dans mes œuvres.
Ces éternels arbres sont mes étoiles brillantes plantées dans la terre-mère.
Je fais partie de la nature autant que ces restes d’arbres oubliés.
Être proche de ces arbres c’est être aussi, proche de moi-même. J’ai conscience qu’ils sont beaux et j’y vois des forces encore présentes.
Adossé au penseur, l’arbre métamorphosé représente une réalité hors du monde, hors de l’univers mental de l’Homme, hors de l’espace-temps. Symboliquement, il est le support immatériel de mon œuvre et représente l’invisible conscience entière.
La réalité de cette œuvre « L’explorateur » trouve son origine dans mon imaginaire, puis la mise en action sur la matière. Artiste sculpteur, j’obéis donc à deux nécessités, la conscience entière et la résistance de la matière; cette dernière doit être fécondée puis transcendée par une œuvre finie.
Parfois; mais c’est rare; quand l’artiste est au sommet de sa pratique et technique, l’œuvre ressemble de très près à l’idée du départ.
Dans un souci d’honnêteté, je réalise du mieux que je peux dans la matière cette VÉRITÉ provenant de la pleine conscience, débarquée dans mon cerveau sans crier gare. Par conséquent tout ce que mes mains produisent est soutenu dans cette réalité existante par l’amour créateur de la conscience entière.
Toute œuvre authentique représente donc une partie de la boucle : l’Ouroboros.
